Rues du mondeRues du monde

Rues du monde

Waldman, Anne

Editeur : APIC EDITIONS
Date de parution : 21/05/2024
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A Paraître
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SEPT QUESTIONS A ANNE WALDMAN 

1/ Une autobiographie en quelques mots.
Anne Waldman : Triple Bélier, 2 avril 1945. Le père a combattu les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale en Allemagne, la mère Frances LeFevre Sikelianos Waldman elle est allée chez ses beaux-parents dans le New Jersey pour la naissance, puis elle est retournée dans le village « bohème » de New York. Bébé, Anne a grandi avec des livres de poésie, avec le jazz et la politique progressiste. Elle a commencé à écrire sérieusement à ladolescence, avec la Génération Beat et lÉcole de New York à sa porte. Elle a suivi des cours de littérature et de performance à luniversité, a aimé Blake, les romantiques, les études de psychologie, mais sest surtout intéressée aux littératures du monde, aux épopées orales, à la litanie, au chant, à la transe, au chamanisme, aux enthéogènes. Pendant une décennie, elle a travaillé à la fondation puis à la direction du Poetry Project en 1968, Anne Waldman sest toujours fait le champion de lintroduction de la poésie et de la protestation dans lespace public. Elle a cofondé, avec Allen Ginsberg et Diane di Prima, le programme Jack Kerouac School of Disembodied Poetics à lInstitut Naropa de Boulder, dans le Colorado. Elle a été arrêtée à Rocky Flats avec Daniel Ellsberg et Allen Ginsberg dans les années 1970, alors quelle lisait des poèmes qui contestaient les livraisons de plutonium destinés aux les ogives nucléaires. Elle a participé aux protestations contre la guerre du Viêt Nam et à la piste des Sept de Chicago. Et toutes les actions actuelles dintervention contre-culturelle dans les temps suivants, Occupy Wall Street. Elle travaille avec le collectif Rizoma à Mexico. Auteur de plus de 60 volumes de poésie, de poétique et danthologies, dont lépopée de 1000 pages The Iovis Trilogy : Colors in The Mechanism of Concealment (Coffee House Press) qui a remporté le Pen Center Literary Prize for Poetry. Son album SCIAMACHY est sorti en 2020 chez Fast Speaking Music et à la Levy-Gorvy Gallery de New York. Patti Smith la qualifié d« Extrêmement puissant. Un bouclier psychique pour notre époque ». A paraître, une anthologie : NEW WEATHERS, Poetics from the Naropa Archive (avec Emma Gomis), Nightboat 2022, Bard, Kinetic, Coffee House 2023, Mesopotopia 2023, Penguin. 

2/ Comment répondre à une injonction brusque : « Définissez la poésie. »
Les poèmes sont les modèles extérieurs, intérieurs et secrets du monde. Et du cosmos, comme un poète peut rêver un cosmos. La poésie fait résonner la tête, loreille et le corps tout le temps en appelant aux mots, à laction. A une cinétique du comment exister par rapport. à « lautre », à lespace, au temps, à la gnose. Personne ne vous demande, ne vous supplie décrire de la poésie.
Ce nest pas une carrière, mais un appel persistant et joyeux, une commande, un vœu. Une recherche permanente sur le langage (quelle que soit sa particularité) et la traduction de ses complexités et de son pouvoir. Les tentacules émanent de tous les chakras du corps, de la parole et de lesprit. Ce sont des réceptacles, comme le sont toutes les perceptions sensorielles.
Et la poésie est également la mémoire du monde, et des mondes inconnus des expériences, des continents entiers sont vivants dans des interstices cachés comme des terma les trésors cachés par les adeptes dans les nuages, dans les rochers, dans le cœur dun arbre. 

3/ Prose et poésie, la distinction a-t-elle un sens ?
La prose est plus facile à lire, plus heureuse pour lacte de lecture. Avec la prose, la relation des mots entre eux est plus complète basée sur lintrigue des personnages. En poésie, on se bat pour chasser les étymologies, on peut senfuir, mais le poème nous prend au piège devenant. une rune, un koan, un nœud de vie, une amulette. Vous pouvez lire en cercles de temps et non en chroniques.
Les distinctions sont moins précises avec ce quon appelle le poème en prose, un champ de condensation et emballé comme un rêve pourrait lêtre avec des détails lumineux que vous capturez à laube. La distinction est dans le rythme, le pas de lesprit, la danse, le danger, le précipice est dans la poésie. Vous pouvez atterrir avec la prose.
Le texte est la mise en cage, lœil intérieur rougissant son propre cœur, la vocalisation est la transmission. Avec la prose traditionnelle, vous êtes libéré de lobscurcissement, de la perplexité, vous êtes à laise dans votre simplicité en assemblant des phrases, des incréments de son.
Le poème en prose est une exception, le sauvage rêve surréaliste compressé.
La crise est un tourbillon, un pinacle, un précipice. Les mots sont devenus insignifiants dans un certain contexte, à une époque de dystopie, où les gens ne font pas attention à leurs mots, ils sont grossiers et mercenaires. Seulement là où ils vous mèneront dans le Capitalocène.
Les mots sont censés vous envoyer sur quelque chose. Sommes-nous plus fidèles à la prose ? Quand la poésie nous déchire. 

4/ De la forme (et du formel) en temps de crise.
La forme pour moi est lépickos en temps de crise. Raconter lhistoire du temps, du rêve, du monde de la mort, des charniers, des sites et des interstices de lamour et du désir. Jai écrit IOVIS TRILOGY : Colors In The Mechanism of Concealment (la TRILOGIE IOVIS : Les couleurs dans le mécanisme de dissimulation) pour mattaquer au patriarcat dans ma vie, dans mon espace vital. Lespace mental est un champ de bataille, disent certains, de Mars. Des mondes en collision. Avec la sciamachie, la bataille avec les ombres. Dissonance cognitive. Commencé avec un dogtag (plaque didentité que les soldats portent) sous mon bureau, dans le sous-sol de lécole primaire, pour me cacher de la menace de la bombe atomique.
Javais besoin dune forme longue qui voyagerait avec moi pendant des années daction, de protestation, et dhistoires, dhistoire de lutte et de changement et de communauté, de la voix solitaire criant dans le désert, et aussi dêtre au centre du tourbillon de la poésie et de la « fabrication » et du chant aussi. Lopéra et le blues. Le free jazz dans la performance, en collaboration avec les bodhisattvas de linstrument, de la pulsation et de lesprit sauvage. Le barde avec ses cordes vocales. Cest ça aussi le travail, son oralité. Lattention aux archives du son et du souffle. 

5/ Quel avenir pour la poésie ?
Les archives, la transmission aux êtres nés maintenant et dans le futur, tout ce que nous en avons. Cette poésie a toujours existé avec la conscience, elle EST la conscience. Le travail de traduction et dopération incertaine, le travail du silence, de la pause et du champ ouvert, la ré-imagination de nos mythologies et de nos désirs, la direction de la voix et de limagination répondant aux milliers de choses de ce monde chatoyant. Les soins de nos ancêtres en poésie, les peines de nos luttes, toutes espèces animales, les « arbres et la verdure et ainsi de suite » comme le dit une prière. les chants de la baleine à bosse. Comment nous regardons et considérons notre cosmos et le multi-vers. La grande cacophonie. Les grandes catastrophes.
Vers le chemin de la gnose, du savoir, de la mémoire future, de la poésie « éternelle », de linteraction cinétique afin que nous puissions refléter notre Trouble et notre Beauté et aider à réveiller le monde à lui-même. 

6/ La part de la prosodie dans lélaboration du poème.
Nous connaissons et étudions notre prosodie et celle des autres. Le rythme et le son, laccentuation du Il, les ponctuations, les marques, le battement du cœur, la lamentation. Pas un monde anglophone, la poésie et la prosodie ne sont pas un empire colonial. Nous apprécions et savourons les détails, les mécanismes et ce qui a précédé. Nous aimons lattention portée à la ligne, au souffle, à la forme. Nous savons quelles sont les choses qui stagnent.
La boule de cristal est trouble. 

7/ La place de la traduction dans lécriture poétique.
La traduction est essentielle à notre travail. Et il nous incombe de nous y essayer.
Lorsque jai travaillé avec le Therigatha et le Theragatha (du Canon Pali les premiers poèmes des mendiants bouddhistes, des moines et des nonnes errants et sans abri avec le sanskritiste Andrew Schelling, nous sommes remontés à lépoque du bouddha historique.
Pour reconnaître un monde de renoncement et de joie de la lutte. Des voix sélèvent : 

Je suis libre
Libéré de ma corvée de cuisine
Je ne suis plus esclave de mes casseroles sales.
Mon pot sentait comme un vieux serpent deau. 

(« La mère de Sumangala parle »)
Informations
Editeur : APIC EDITIONS
Date de parution : 21/05/2024
ISBN : 9789969525083
Largeur : 140mm
Hauteur : 190mm
Poids : 0.200Kg
Nombre de pages : 216

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